Si en fin d'hiver le cœur du jardinier se languit d'inaugurer la nouvelle saison en se lançant très tôt dans les semis du potager, sa raison lui conseille, au contraire, de ne pas se presser. Or la raison… a souvent raison.
Il est tentant pour le jardinier qui sort de sa longue léthargie hivernale de démarrer au plus vite les semis de début de saison. Hélas en février, il faut se rendre à l'évidence, rares sont les graines capables de germer en pleine terre en de si froides circonstances. Qu'il aille donc, cet homme pressé, semer sous serre chauffée ses légumes d'été, sous châssis ses oignons et sur couches-chaudes ses blettes et ses poireaux. Quant au semis en pleine terre, qu'il commence par préparer soigneusement son sol. Ensuite, on en rediscutera…
Le jardin de la tentation
Faire des semis précoces en pleine terre ne sert à rien si les graines ne sont pas capables de germer rapidement. L'idée que plus une graine sera semée tôt, plus elle arrivera à maturité rapidement est fausse. En effet, si elle n'a pas les conditions optimales de son développement, c'est-à-dire une température du sol adéquate, elle risque de rester dangereusement en attente dans le sol. Pour qu'un semis soit réussi, il faut au contraire que les conditions lui soient favorables, afin que la levée soit rapide, de manière à éviter la pourriture, les maladies et les prédateurs (oiseaux, insectes, etc.).
Qui germe en février ?
Au potager, les champions de la germination à froid sont le pois et certaines variétés de laitue qui sont capables de lever dès que le sol atteint 5 °C. Viennent ensuite la betterave, la carotte, les radis et les épinards (7 °C) puis les fèves (8 °C). Eux seuls peuvent prétendre être semés en pleine terre durant la deuxième moitié du mois de février. Attention, on parle bien de température du sol, à quelques centimètres sous la surface et non de l'air ! Sachez que toute la famille des choux (fleur, de Bruxelles, vert…) peut également germer à partir de 7 °C. Mais puisqu'il est rare de les semer en pleine terre, mieux vaut attendre le mois de mars pour les mettre en godet (plus sensibles au froid). Évidemment, en fonction des spécificités climatiques des régions les dates peuvent varier. C'est à peu de chose près la floraison du forsythia (on appelle cela un repère phénologique) qui marque le début de cette période favorable aux semis « froids ». Pour éviter les dégâts du gel, la pose d'un voile d'hivernage sur les jeunes plantules est ensuite recommandée.
Que faire en attendant ?
Pour réussir ses semis en pleine terre, la préparation du sol est importante, d'autant qu'après plusieurs mois d'hiver, il est souvent compacté et durci à cause de la pluie. La première chose à faire, quand la terre est bien ressuyée, c'est de la décompter. Rappelons que le bêchage et le labourage profond, qui produisent un funeste bouleversement des strates du sol et donc de la pédofaune qui y vit, sont des disciplines sportives désuètes qui ne sont plus recommandées au jardin. Au contraire, l'utilisation de la grelinette (ou équivalent) qui décompacte sans retourner le sol, puis d'une binette pour l'émietter sont parfaites. Les adeptes du paillage, plus malins, n'ont souvent simplement qu'à dégager le sol de cette couverture bienfaisante afin qu'il se réchauffe plus rapidement sous l'action du soleil puis à l'émietter.