OpenAI s'apprête à franchir une nouvelle étape : après avoir révolutionné l'intelligence artificielle, l'entreprise veut désormais s'attaquer au matériel. En rachetant la start-up de Jony Ive, le designer mythique de l'iPhone, elle se lance dans la conception d'un appareil physique entièrement centré sur l'intelligence artificielle…
En 2007, l'iPhone redéfinissait le téléphone mobile et, avec lui, notre rapport au numérique. Depuis, aucun autre appareil n'a su imposer une présence aussi centrale dans le quotidien. La technologie vit sur des déclinaisons plus ou moins réussies et cherche désespérément l'innovation physique majeure qui pourrait être à la hauteur de la révolution de l'intelligence artificielle. Car avec l'IA, une nouvelle ambition émerge dans les laboratoires de la Silicon Valley : concevoir un objet capable de dialoguer naturellement, de comprendre le contexte dans lequel il se trouve et de se rendre utile sans écran, ni clavier. Un appareil discret, intelligent, toujours prêt, et peut-être aussi indispensable demain que le smartphone l'est aujourd'hui…
OpenAi dans la course
Le 21 mai dernier, OpenAI a annoncé le rachat de la start-up IO pour 6,5 milliards de dollars, une somme qui témoigne de l'importance stratégique de cette acquisition. Derrière cette jeune entreprise se trouve Jony Ive, le designer emblématique d'Apple, longtemps bras droit de Steve Jobs et artisan de l'iPhone, de l'iMac ou encore de l'iPod. L'homme, qui avait quitté la marque à la pomme en 2019 pour fonder son propre studio, LoveFrom, rejoint ainsi l'écosystème d'OpenAI avec une mission ambitieuse : imaginer un appareil électronique entièrement centré sur l'intelligence artificielle.
Le projet reste largement entouré de mystère. Selon des sources du Wall Street Journal, l'objet ne serait ni un téléphone ni une paire de lunettes, mais un dispositif à glisser dans la poche, pensé pour accompagner l'utilisateur dans ses tâches quotidiennes, sans l'obliger à interagir avec un écran. Un défi à contre-courant des tendances actuelles, qui vise à redéfinir la relation entre l'humain et la machine.
En toile de fond, c'est une vieille obsession de la tech qui ressurgit : trouver, comme en 2007, la bonne interface, le bon format, le bon usage. L'objectif n'est plus seulement de miniaturiser ou de connecter, mais de créer un compagnon intelligent, capable d'agir de manière proactive, sans solliciter constamment l'attention. À l'image de l'iPhone à son époque, le futur appareil de Jony Ive et OpenAI espère incarner cette nouvelle étape, celle où l'IA ne se contente plus d'être un service, mais devient une présence.
L'exploration continue
Depuis le début de l'essor fulgurant des IA génératives comme ChatGPT, une nouvelle catégorie d'objets tente d'émerger : celle des appareils conçus autour des modèles, et non plus du smartphone ou de l'ordinateur. Le pari est audacieux : créer un compagnon numérique capable d'interagir naturellement avec l'utilisateur, sans écran, sans clavier, avec la voix et le contexte comme seules interfaces.
Dans cette quête, deux projets ont été emblématiques. Le premier, l'AI Pin de Humane, promettait de remplacer le téléphone en se fixant sur la poitrine, projetant des informations sur la main et répondant à la voix. Le second, le R1 de Rabbit, misait sur une IA capable d'exécuter des tâches à la place de l'utilisateur, comme appeler un Uber ou commander un repas, via une interface simplifiée. Tous deux ont suscité une forte attente, avant d'être rattrapés par la réalité : autonomie décevante, lenteur des réponses, usage peu intuitif.
Derrière l'échec commercial, une leçon : il ne suffit pas de miniaturiser l'IA pour qu'elle devienne un objet du quotidien. Encore faut-il comprendre les gestes, les rythmes et les attentes implicites qui font qu'un appareil devient nécessaire, voire naturel. Alors que Meta et Snapchat misent beaucoup sur les lunettes, Google planche sur des dispositifs hybrides mais plébiscite, pragmatiquement, le bon vieux smartphone pour le moment. Aucun ne semble encore avoir trouvé la formule idéale…