Aujourd'hui en France, environ 500 000 personnes souffrent d'un ulcère de jambe, une plaie cutanée située au-dessus de la cheville qui peut engendrer de sérieuses complications lorsqu'elle est mal prise en charge…
Tout commence par une plaie à la jambe particulièrement coriace qui, malgré vos soins répétés, ne veut pas cicatriser. Les semaines passent, vous appliquez crèmes et pommades pour faciliter la cicatrisation, mais rien n'y fait : les choses empirent, la plaie devient noire, douloureuse, suintante et semble « ronger » littéralement votre jambe. Tout laisse à penser qu'il peut s'agir d'un ulcère de jambe, une complication grave de l'insuffisance veineuse qui, à ce stade déjà avancé, doit être prise en charge par un médecin de toute urgence…
La plus fréquente des plaies chroniques
Un médecin généraliste suit en moyenne trois patients atteints d'ulcère de jambe chaque année et 1 % des personnes âgées de 60 à 70 ans souffrent de ce type de plaie. La prévalence augmentant avec l'âge, ce pourcentage est multiplié par cinq à partir de 80 ans. D'origine veineuse dans près de trois cas sur quatre, cette pathologie peut entraîner de vives douleurs, d'importantes difficultés de mobilité et d'éventuelles complications qui limitent fortement l'autonomie des patients atteints. L'altération de l'image de soi liée à l'aspect rebutant de la plaie favorise aussi l'anxiété voire la dépression, surtout chez les personnes les plus isolées. Autant de points noirs qui doivent nous alerter d'autant plus que, avec l'allongement de la durée de vie, le nombre de malades ne devrait faire qu'augmenter sensiblement dans les prochaines années. Or, seuls une prise en charge précoce et un traitement approprié peuvent enrayer cette évolution.
Une origine identifiée
L'insuffisance veineuse chronique, anomalie dynamique du retour du sang vers le cœur, entraîne une stagnation de la circulation : le sang ne circule plus ou, parfois, reflue dans les veines, générant une augmentation de la pression veineuse, qui peut conduire à une souffrance microcirculatoire et tissulaire. À son stade le plus avancé, elle va engendrer une nécrose des tissus à l'origine de l'ulcère de jambe. Les circonstances de survenue de l'ulcère de jambe sont variables et parfois difficiles à définir. Il peut s'agir d'un traumatisme minime, de lésions de grattage ou d'eczéma. Dans certains cas, une zone de nécrose apparaît brutalement. À cette plaie, souvent suintante, s'ajoutent un œdème de la cheville ou des varices. Ces signes permettent de confirmer le diagnostic. L'examen clinique de la jambe du malade va ensuite permettre de déterminer les caractéristiques de l'ulcère et notamment sa taille, sa localisation ainsi que l'état de la plaie et de son pourtour. Grâce à un interrogatoire approfondi, le médecin cherchera également des signes d'insuffisance veineuse, des antécédents personnels ou familiaux de varices, de thromboses veineuses profondes ainsi que des antécédents de chirurgie des membres inférieurs et des signes d'artériopathie. Enfin, des explorations spécifiques peuvent venir confirmer le diagnostic.
Des complications sous-estimées par les patients
La complication la plus fréquente de l'ulcère veineux est la dermatite de contact qui, ironie du sort, a souvent pour origine les crèmes ou les médicaments appliqués directement sur la plaie par les malades. En cas de doute sur un potentiel ulcère, il est donc fortement conseillé d'éviter les sensibilisants tels que le baume du Pérou, certains antiseptiques, la lanoline et tout produit contenant des parfums et des conservateurs. Au cours de son évolution, l'ulcère peut également être le siège d'une infection cutanée. Il faut s'en inquiéter en cas d'augmentation de la douleur locale, d'inflammation des bords de la plaie ou de survenue de fièvre. Enfin, l'ulcère de jambe peut être la porte d'entrée du tétanos chez les sujets dont la vaccination n'est pas à jour.
La compression veineuse, le traitement de référence
Le traitement de l'ulcère veineux repose en tout premier lieu sur la compression veineuse. Celle-ci va en effet agir en corrigeant les troubles de la circulation et en permettant ainsi la cicatrisation de la plaie. Sous forme de bande ou de chaussettes de contention, les dispositifs de compression associent solution thérapeutique et confort d'utilisation. Ils favorisent ainsi la guérison de l'ulcère de jambe tout en permettant une bonne observance, essentielle à la réussite du traitement. En complément de ce traitement, la vaccination antitétanique du patient sera contrôlée et mise à jour. La douleur sera, elle, traitée au cas par cas en fonction de son origine. Les différents facteurs d'aggravation (tabac, diabète, hypertension, surpoids, etc.) seront eux aussi pris en charge selon le profil de chaque patient Enfin, la plaie ulcéreuse et son pourtour sont traités selon un protocole de soin adapté à chaque phase de leur évolution et comprenant détersion, nettoyage et traitement local à l'aide de pansements.