Si boire suffisamment d'eau est essentiel pour rester en bonne santé, il ne faut tout de même pas en abuser. La consommation excessive de ce liquide vital est d'ailleurs une pathologie que l'on appelle potomanie. Explications.
La potomanie, aussi appelée « polydipsie primaire » ou « polydipsie psychologique », est un trouble du comportement alimentaire qui pousse à boire, essentiellement de l'eau, en grande quantité. Il ne faut bien sûr pas la confondre avec la dipsomanie qui consiste à s'abreuver de boissons toxiques, comme l'alcool. Les victimes de potomanie ressentent le besoin de s'hydrater constamment, comme par frénésie. Même si le corps humain est constitué à plus 60 % d'eau, en boire trop peut devenir dangereux pour la santé, voire être fatal dans certains cas extrêmes.
Des causes multiples
La potomanie résulte de causes psychologiques et psychiatriques, comme le retard mental, la schizophrénie, la démence, l'oligophrénie, la névrose ou la psychose infantile, la perturbation des centres cérébraux régulant la soif ou encore le dysfonctionnement de certaines zones de l'hypothalamus, la partie du cerveau qui contrôle cette sensation. Certaines personnes développent aussi une potomanie pour répondre à leurs angoisses. Par exemple, les boulimiques remplacent parfois la nourriture par la boisson. Les diabétiques de type I et II peuvent également développer ce trouble, mais on parle alors de polydipsie secondaire et non primaire. Des examens sont donc nécessaires pour éliminer toutes les causes biologiques et diagnostiquer la potomanie. Il arrive aussi que certains médicaments utilisés lors de traitements contre les maladies mentales rendent la bouche très sèche, poussant les patients à s'hydrater plus que de raison. Concrètement, une hydratation excessive perturbe le travail des reins qui ne parviennent pas à concentrer une telle quantité d'eau, ce qui provoque une polyurie (urines abondantes) et s'accompagne d'une sensation de soif.
Des symptômes difficilement identifiables
Contrairement aux troubles alimentaires qui concernent la consommation de nourriture, les personnes atteintes de potomanie ne se remarquent pas facilement. Difficile de repérer leur consommation anormale d'eau ou même de s'en inquiéter. En effet, la plupart des gens ne connaissent pas l'existence de cette maladie et pensent, à tort, que l'eau ne peut qu'être bénéfique pour la santé. Généralement, les malades fréquentent les bars et les cafétérias, se rendent souvent aux toilettes, et rythment leur vie en fonction de leur pause boisson. Des rituels s'installent de manière impulsive, comme pour la boulimie ou l'anorexie, et le remplissage d'eau dans la bouche puis l'estomac ou son évacuation urinaire procurent une sensation de plaisir, de satiété et d'apaisement. Pourtant, l'absorption excessive d'eau entraîne aussi des sensations moins agréables, comme les ballonnements et les nausées.
Les conséquences graves
Si l'on conseille de bien s'hydrater au quotidien, il y a cependant des limites. On recommande d'ailleurs de boire deux litres d'eau par jour en moyenne, même si cette quantité peut augmenter en cas de fortes chaleurs ou de pratique sportive intensive. Le corps humain peine à absorber au-delà de dix litres en moins de 24 heures, ce qui correspond à la potomanie. Les reins ne parviennent pas à supporter autant de liquide, ce qui provoque une rétention hydrique souvent accompagnée d'une prise de poids. Une hydratation excessive fait baisser le taux de sodium dans le sang, ce qui peut également provoquer un œdème au cerveau et de sérieux troubles neurologiques. Dans le pire des cas, une importante absorption d'eau en un temps limité conduit à la mort. On parle alors d'intoxication par l'eau (ou d'hyperhydratation ou d'empoisonnement à l'eau). Il existe aussi des risques d'épilepsie par hyponatrémie et d'arrêt cardiaque.
Un seul remède
Comme il s'agit d'un trouble psychologique, le seul traitement possible pour vaincre la potomanie est la thérapie voire la psychanalyse, d'une durée plus ou moins longue. Les malades établissent un « contrat thérapeutique » dans lequel ils se fixent des objectifs à atteindre : un nombre de litres à boire défini à l'avance et un poids idéal. La potomanie peut aussi provenir d'une angoisse profonde. Il est en effet possible de boire pour pallier un manque affectif, entre autres. Il faut alors parler à un spécialiste et remonter aux sources du mal-être.
Certains patients internés sont soumis à des contrôles fréquents de leurs prises hydriques afin de vérifier leur consommation d'eau. Les plus réticents ont même droit à des pesées régulières et à une surveillance assidue de leur natrémie, le taux de sodium dans le plasma qui témoigne de l'hydratation du secteur intracellulaire. Comme souvent, la volonté est primordiale pour se tourner vers la guérison…