Près de 8 ans après la vague MeToo, peut-on d'ores et déjà saisir son impact ? Menée par l'Ined auprès de plus de 10 000 jeunes adultes de 18 à 29 ans, l'enquête sociodémographique « Envie 2 023 » est entièrement dédiée à l'étude de leurs relations intimes, dont les prémices coïncident avec l'émergence du mouvement. On y découvre que certains codes ont changé, comme la normativité hétérosexuelle, puisque 15 % des personnes interrogées en 2023 se réclament d'une autre orientation contre 3 % en 2006 - une augmentation potentiellement liée à la remise en cause de la binarité de genre portée par le féminisme. Autre chiffre notable : en 2023, près de 43 % des femmes déclarent que quelqu'un les a forcées ou a essayé de les forcer à subir des pratiques sexuelles au cours de leur vie. Elles étaient seulement 23 % en 2006. Pour les sociologues Florence Maillochon et Mathieu Trachman, participants à l'ouvrage collectif La sexualité qui vient, cela s'explique en partie par la libération de la parole induite par MeToo, impliquant en outre la réévaluation de situations violentes qui pouvaient être perçues comme normales par le passé. Mais aussi par une plus grande exposition des femmes aux violences sexuelles masculines, ces dernières ayant désormais davantage de partenaires, notamment éphémères.
La sexualité qui vient. Jeunesse et relations intimes après #Metoo, sous la direction de Marie Bergström aux éditions La Découverte, 26,50 € en librairie.