Au printemps et au début de l'été, c'est la même rengaine pour des millions de Français: éternuements, gorge qui démange, yeux qui pleurent... Les allergies en tout genre nous mène parfois la vie dure et ce n'est pas près de s'arrêter !
Depuis une vingtaine d'années, les allergies sont devenues un véritable problème de santé publique : près de la moitié des allergies sont respiratoires et l'on dénombre dans le monde 600 millions de personnes souffrant de rhinites, dont un tiers ferait également de l'asthme. Pourquoi donc éternuons-nous ainsi ?
Une maladie des pays riches et industrialisés
L'allergie serait une maladie des pays riches et industrialisés. Il suffit pour s'en convaincre de comparer les sociétés industrialisées aux pays en voie de développement… C'est notre environnement et les changements importants survenus ces dernières décennies dans notre mode de vie qui auraient le plus participé à l'émergence des maladies allergiques. Ces allergies se manifestent de plusieurs façons : elles peuvent être respiratoires – ce sont les plus fréquentes (pollens, poils de chats et de chiens, acariens, moisissures) – ou alimentaires (œufs, lait, fruits à coque, etc.). Plus rares, mais de plus en plus répandues, il existe des allergies aux médicaments, aux venins de guêpes ou d'abeilles et aux métaux.
Certaines avancées médicales et technologiques mises en cause
Si le vingtième siècle a apporté les antibiotiques, la généralisation de la vaccination et une hygiène corporelle de meilleure qualité, il a également aseptisé notre environnement. Notre système immunitaire débarrassé des infections et autres parasites est de moins en moins stimulé face aux bactéries et autres toxines. À l'inverse, il se voit désormais contraint de lutter contre les molécules de notre environnement dont il ne s'occupait nullement auparavant – qu'il tolérait même. Les progrès de la médecine ont été si rapides que notre système immunitaire n'a pas eu le temps de s'adapter.
On peut également s'interroger sur la recherche en économie d'énergie qui irait à l'encontre des mesures d'aération et de ventilation indispensables pour lutter contre la pollution intérieure des maisons.
L'introduction de nouvelles espèces végétales « dépolluantes » auxquelles nous ne sommes pas habitués – via les programmes de végétalisation des toits des maisons en vue de lutter contre la canicule des grandes villes par exemple – pourrait elle aussi contribuer à l'émergence de nouveaux risques allergiques respiratoires. Cela peut sembler contradictoire et le mieux, dans ce cas, semble l'ennemi du bien.
Modification de la structure des pollens
L'évolution de notre environnement n'explique pas à lui seul le boom des allergies. La structure des pollens se modifierait au contact de la pollution : des chercheurs ont déposé des grains de pollen en centre-ville, en banlieue et à la campagne et ils ont pu remarquer qu'au bout de quelques semaines la structure des grains de pollen citadins était complètement transformée : leur paroi, transformée en gruyère, relâchait en masse les allergènes. Ces mêmes grains de pollen vont se fixer sur les particules diesel. Ils accroissent ainsi leur diamètre pour mieux pénétrer dans les bronches et provoquer des crises d'asthme.
Une plante en question : l'ambroisie
Mai-juin est la période qui, normalement, marque le début des hostilités. Mais la période des pollens est de plus en plus longue et les victimes de plus en plus nombreuses. Alors que les classiques rhumes des foins apparaissent avant l'été, les allergies provoquées par le pollen d'ambroisie sont beaucoup plus tardives et viennent prendre la relève de la mi-août à la fin octobre avec un pic d'intensité en septembre. Cinq grains de pollen au mètre cube d'air suffisent à faire apparaître les symptômes !
Originaire du continent américain, l'ambroisie s'est répandue en France assez récemment (xixe siècle) mais les problèmes de santé publique liés à son extension géographique sont de plus en plus inquiétants. Si elle est restée peu connue des allergologues jusque dans les années 60, années où elle s'est propagée au gré des grands travaux entrepris sur le territoire, elle est aujourd'hui réputée.
Le péril dans notre assiette
D'après les statistiques, les allergies alimentaires sont également en train de s'affoler : elles sont en augmentation constante et ce, surtout chez les enfants en bas âge. Les réactions alimentaires prennent des formes très variées : elles peuvent être d'origine cutanée (eczéma, urticaire...), respiratoires (crises d'asthme, rhinite, laryngite...) ou digestives (nausées, vomissements, diarrhées...). En général les signes apparaissent très vite après l'ingestion de l'aliment responsable. Ce serait le « progrès » qui aurait apporté de nouveaux allergènes jusque dans nos assiettes. Chez les bébés, on a diversifié la nourriture avant l'âge de six mois alors que le système immunitaire du bébé n'est pas encore mature : on trouverait même dans les petits pots de l'arachide et des graines de moutarde ! Chez les adultes, ce sont les aliments exotiques ainsi que les éléments chimiques (révélateurs de goût, émulsifiants, stabilisants…) qui sont venus envahir nos assiettes.