Cela semble logique et pourtant on n'en a pas toujours conscience : la plupart de nos maux de ventre sont le fruit de nos erreurs alimentaires. Hypothèse : et s'il suffisait de changer sa façon de manger pour se sentir mieux ? Tel est le postulat d'un régime très en vogue appelé Fodmaps…
Ballonnements, gaz, crampes digestives et autres troubles du transit en tout genre… Nous serions 12 millions de Français à souffrir de pathologies digestives. Démunis face à ce sujet tabou, dont ils peinent à parler autour d'eux, beaucoup se tournent alors vers les régimes pour tenter de trouver remède à leurs maux. Sans gluten, sans lactase, sans protéine, sans ceci, sans cela… Tâtonnant parmi une horde de candidats potentiels à l'indigestion, beaucoup finissent par se décourager, voyant les symptômes revenir invariablement, voire s'aggraver, au terme de tous leurs efforts. Sujet complètement novateur en France, le régime Fodmaps a pourtant déjà fait de nombreux émules dans le monde et notamment en Australie, où beaucoup de gastro-entérologues le recommandent désormais à leurs patients, avant même de leur prescrire quelque médicament que ce soit. Et, avec 85 % de réussite pour les personnes souffrant de troubles digestifs, il semblerait que ce programme ait enfin réussi à cerner la nature diabolique de l'ennemi qu'il combat…
Satanés Fodmaps !
Dans la symbolique occidentale, le diabolique, c'est le multiple, l'impur, bref ce qui est déterminé par la coexistence de plusieurs natures en une seule ! Et ainsi en va-t-il des fameux Fodmaps qui, réunissant un nombre impressionnant d'aliments, sans rapport évident les uns aux autres, se rendent particulièrement difficiles à discerner. Sauf que le régime Fodmaps les a précisément démasqués. Alors que sont-ils au juste, ces Fodmaps ? Dans le livre qu'il a récemment consacré à ce sujet, l'endocrinologue-nutritionniste Pierre Nys les définit ainsi : « Les Fodmaps sont des glucides (des sucres) particuliers. Peu digestes pour nous tous, ils arrivent quasi intacts jusqu'à un endroit de l'intestin où ils servent de nourriture aux bactéries locales ». Le terme lui-même est en réalité un acronyme signifiant : Fermentable by colonic bacteria, Oligosaccharides, Disaccharides, Monosaccharides and Polyols. Traduit en français, cela donne quelque chose du genre « oligosaccharides, disaccharides, monosaccharides et polyols fermentescibles par la flore intestinale ». Ne nous voilà guère plus avancés. En gros, ce qu'il faut retenir de ces noms barbares, c'est que les Fodmaps sont des sucres qui, au lieu d'être digérés comme les autres aliments, vont arriver tels quels dans l'intestin et commencer à fermenter sous l'action de la flore bactérienne.
Où se cachent-ils ?
On l'a peut-être vaguement compris à la lecture des lignes qui précèdent : les Fodmaps réunissent quatre familles de glucides : les oligosaccharides, les disaccharides, les monosaccharides et les polyols. Les premiers se retrouvent principalement dans les légumes et légumineuses comme l'ail, l'artichaut, les haricots secs et l'oignon ; les deuxièmes sont contenus en quantités importantes dans certains produits laitiers riches en lactose ; les troisièmes s'accumulent dans les fruits sous la forme de fructose et les derniers, enfin, sont le lot des chewing-gums et autres sucreries édulcorées. Légumes, fruits, produits laitiers, friandises light… sommes-nous condamnés à écarter tous ces aliments de notre assiette ? Certes non, car si l'on peut se passer aisément des derniers, les autres en revanche, nous sont indispensables. L'essentiel est alors de savoir reconnaître les aliments particulièrement riches en Fodmaps et de les écarter un temps pour laisser ainsi le système digestif respirer.