Culture
Projection documentaire «Révolte»
Comparaison des 5 plus grandes révoltes de ces 50 dernières années. Cette série documentaire apporte un éclairage sur ces tempêtes qui changent le monde et révèlent que quels que soient l’époque, le régime et le pays, elles obéissent aux mêmes lois.
Les cinq révoltes se déroulent en France, Mai 68, en Iran, 1977, en Pologne, 1980, en Chine, 1989 et en Tunisie, 2011.
.La révolte est l’un des grands moteurs de l’histoire contemporaine. Imprévisible, elle jette soudainement des
millions d’individus dans les rues, déstabilise les régimes les plus solidement établis, aboutit à des confrontations souvent sanglantes et ne se termine jamais comme on l’avait imaginé. Mais pourquoi des peuples se révoltent alors que d’autres, dans des situations tout aussi révoltantes, ne le font pas ? Ces mécanismes restent un mystère.
Qu’y a-t-il de commun entre les étudiants français occupant la Sorbonne en Mai 68 et ceux défilant, peu après la mort de l’ancien secrétaire du Parti communiste chinois, Hu Yaobang, sur la place Tiananmen, en 1989 ? Ou encore les religieux iraniens manifestant en 1977 dans la ville chiite de Qom après qu’un article eut offensé l’imam Khomeiny, et les ouvriers polonais des chantiers de Gdansk occupant leurs usines après le licenciement d’Anna Walentynowicz ? Rien, à première vue. Si ce n’est que tous ces mouvements, aussi soudains qu’imprévisibles dans leur déroulement, ont tous débouché sur le soulèvement d’une population, l’embrasement d’un pays, d’une région, voire, dans certains cas, la dislocation d’un Etat.
Inattendu dans son déclenchement tout autant qu’incertaine dans son évolution et son dénouement, la révolte, phénomène complexe et universel qui façonne depuis des siècles l’histoire des peuples, est au cœur d’une remarquable et ambitieuse série documentaire (4 × 52 minutes) imaginée et produite par Christophe Nick.
Une idée que le producteur de Yami 2 mûrissait depuis longtemps, avant que le mouvement des « indignés » et surtout la longue séquence des révoltes du « printemps arabe » ne le confortent dans ce projet. Un projet au long cours (dix-huit mois auront été nécessaires pour le mener à bien) qu’il a confié au réalisateur Cédric Tourbe, après l’avoir accompagné sur Devenir président et le rester, les secrets des gourous de l’Elysée (2011). Un film dans
lequel il décryptait les techniques de communication et de marketing ayant rendu possible la victoire de François Mitterrand en mai 1981. Pour autant, passer d’un personnage à un concept n’est pas une mince affaire. Comme le
reconnaît aujourd’hui volontiers le réalisateur qui, après de long mois à se documenter sur les différents mouvements ayant marqué le demi-siècle écoulé, s’est « heurté à un problème de définition et de méthode ». Pour sortir de l’impasse, et sur le conseil de Christophe Nick, Cédric Tourbe s’est plongé dans Sociologie des crises politiques. La dynamique des mobilisations multisectorielles (Presses de la Fondation nationale des
sciences politiques, « Références », 1986), de Michel Dobry. Bien que touffu et complexe, le maître ouvrage du sociologue a éclairé tout du long sa réflexion et son approche avant de devenir la matrice narrative de « Révolte ». Et Michel Dobry, son conseiller technique. « L’une des difficultés fut d’ordre sémantique car de nombreux termes sont du ressort de la science politique. Ce travail sémantique entrepris avec Michel Dobry s’est fait dans un souci non de simplification mais de vulgarisation, au sens noble du terme », souligne le réalisateur, qui, après avoir étudié de près une quinzaine de révoltes ou de mouvements sociaux, comme celui des mineurs anglais en 1984-1985,
sous l’ère Thatcher, arrêtera finalement son choix à six. Guidé en cela par le souci de diversifier les situations, pour mieux en souligner le caractère universel des mécanismes analysés et l’accès aux archives. « J’ai pris bien sûr Mai 68, parce nous nous adressons à un public français. C’était donc incontournable. Tout comme la Tunisie, dont le dénouement reste en suspens et aussi en raison de la vague de révoltes qui s’en est suivie dans tout le monde arabe, après la chute de Ben Ali. Du reste, ce phénomène d’extension, on le retrouve auparavant en Pologne. Selon moi, au risque d’un raccourci historique, l’accession au pouvoir du leader de Solidarité, Lech Walesa, est une des causes principales de l’effondrement du bloc communiste. Le cas polonais démontre que d’une révolte passée peut naître la révolte future.
Enfin, en ce qui concerne la révolution iranienne, outre le caractère essentiellement religieux où l’on voit la martyrologie chiite fixer à l’avance le calendrier des manifestations, elle permet d’observer, comme en Chine, les divers positionnements de l’armée et son utilisation par le pouvoir. » Après un travail minutieux de recherches d’archives audiovisuelles réalisé par Christine Loiseau auprès d’une vingtaine de sources différentes, mettant au jour des documents rares (comme celui où l’on voit à la télévision chinoise le leader étudiant Wuer Kaixi
apostropher vertement le premier ministre Li Peng), est venue l’épreuve du montage. « Il nous a fallu douze mois pour parvenir à nos fins, dont six mois pour trouver la forme définitive », confie le réalisateur. Singulière et pour le moins audacieuse, celle-ci relève presque de la gageure. En effet, non content d’embrasser ces six grandes révoltes dans une même geste, Cédric Tourbe a choisi, au sein des grands cycles qui les régissent – et scandent la série – (« La naissance », « L’extension », « L’incertitude », « Le dénouement »), d’en démonter les différents mécanismes à travers une approche thématique et chronologique. Sans rien céder ni au didactisme, ni à l’esthétique soignée.
Emaillée d’interviews des principaux acteurs – parmi lesquels Henri Weber, Edouard Balladur, Tadeusz Mazowiecki, intellectuel proche de Lech Walesa, des leaders étudiants chinois, Wand Dang, Wuer Kaixi, Hasan Yousefi Eshkevari, religieux et militant proKhomeiny, Belgacem Ayachi, secrétaire général de l’UGTT –, mais également de fréquents et précieux ponts narratifs et analytiques, « Révolte », tant par sa richesse documentaire
que par sa facture, s’inscrit déjà comme une série de référence.
Lieu
9 Avenue de Verdun
38620 Saint-Geoire-en-Valdaine
Organisateur
Clic et Clap
Téléphone 06 80 26 35 27
Mél contact@clicetclap.com
Page facebook https://www.facebook.com/philippe.clic
Tarif
Tarif unique : 10 € (par famille).
Entrée libre et gratuite pour les adhérents.